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Amours de jeunesse : « De pouvoir éprouver de la passion, je ne pensais plus que c’était possible »

A l’été 1980, je pars pour une grande randonnée à vélo. Un copain me donne l’adresse de la famille de l’une de ses amies à Lindau, en Allemagne, où je pourrai faire étape. En revenant de Venise, j’y arrive donc, par le lac de Constance. Une fois trouvée l’adresse, je suis accueilli par les parents de Martine, qui est là aussi. Elle a 19-20 ans, comme moi. Ses frères et sœurs cueillent des framboises dans le jardin. C’est sympathique. Agréable. J’y reste deux-trois nuits. Avec Martine, on se promène, on cause beaucoup, surtout philosophie, Erich Fromm, Avoir ou être. Elle est très branchée sur les langues, et en particulier le français, qu’elle parle et écrit un peu.
Pour la suite des vacances, je l’invite à mon tour à faire une halte dans ma maison de famille, dans le Jura. Elle accepte, et, là-bas, nous randonnons au-dessus des vignobles de l’Arbois. Premier soir sous la tente, heureux et rompus de fatigue après la marche, nous nous embrassons. C’est spontané. Première fois que j’embrasse une femme. Je ne suis pas très précoce. C’est un bon moment.
L’année suivante, je vais à Vienne depuis Paris et, au retour, je passe par Lindau, un peu au hasard, mais pas trop. Elle est là. C’est la fin de journée, et, quand le soir arrive, nous partons tous les deux nous promener. Sous la nuit, on s’embrasse, encore. Et sous l’Abribus, nous restons à discuter des heures. En rentrant, Martine prend prétexte de ne pas réveiller son frère pour que j’aille dormir avec elle plutôt que dans sa chambre à lui. Ensemble, nous ne faisons rien, hormis nous cajoler abondamment. Au petit matin, sa famille allemande catholique bien traditionnelle me fait les gros yeux. Je reprendrai mon vélo pour rentrer en France.
A partir de ce moment-là, nous nous écrivons très régulièrement. Je vais souvent la voir sur le lieu de ses études, à Tubingue, en Allemagne. Toujours par le train de 21 h 15, à la gare de l’Est. L’Orient-Express, super romantique.
En 1982, je dois commencer mon service national. Juste avant, nous passons une semaine tous les deux près de la frontière tchécoslovaque, là où Martine a obtenu un nouveau boulot. Le temps ensemble est bon.
Quelques semaines plus tard, quand elle m’écrit, c’est pour m’annoncer qu’elle a rencontré un étudiant allemand. Tout de suite, je vais chez elle. Moi je suis tout d’amour et d’eau fraîche, et elle, dans sa robe rouge à rayures, ne voit que les difficultés de la langue constituant un obstacle à un avenir ensemble. Je prends des cours d’allemand pourtant. Je me voyais déjà émigrer en Allemagne avec elle, mais mes progrès sont trop lents. Il n’y a plus rien à dire. Je rentre en France en stop.
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